Le trouble bipolaire est une maladie mentale complexe qui affecte environ 1% de la population mondiale. Caractérisée par des oscillations entre des phases maniaques et dépressives, cette pathologie peut avoir un impact considérable sur la vie quotidienne des personnes qui en souffrent. En tant que proches, il est impératif de savoir comment communiquer avec une personne bipolaire pour éviter d’aggraver sa situation ou de la blesser involontairement. Dans cette publication, nous allons explorer les phrases à éviter et les meilleures approches pour préserver une relation saine avec une personne atteinte de trouble bipolaire.
Le trouble bipolaire : comprendre pour mieux communiquer
Le trouble bipolaire, autrefois appelé maniaco-dépression, est une maladie chronique qui nécessite un suivi médical régulier et un traitement adapté. Les personnes qui en sont atteintes alternent entre des périodes d’euphorie excessive (phase maniaque) et des moments de dépression profonde. Cette instabilité émotionnelle peut rendre la communication difficile, d’où l’importance de choisir ses mots avec soin.
Voici quelques données importantes à connaître :
- Le trouble bipolaire touche environ 60 millions de personnes dans le monde, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.
- En France, on estime que 1,6 million de personnes sont concernées par cette maladie.
- Le diagnostic est souvent posé entre 15 et 25 ans, mais peut survenir à tout âge.
Etant consultant en psychologie, j’ai pu observer que la compréhension de la maladie est cruciale pour établir une communication bienveillante. Il est important de reconnaître que le trouble bipolaire est une condition médicale réelle et non un simple caprice ou un manque de volonté.
1. « Tu es juste lunatique. »
Relativiser la bipolarité en la comparant à une simple humeur changeante n’aide pas les personnes qui en souffrent. Ce comportement minimise l’impact réel du trouble sur leur vie, ce qui peut les amener à se sentir incompris ou isolés.
Pourquoi ne pas plutôt dire :
- « Je suis là pour toi si tu veux parler de tes émotions. »
- « Je peux seulement imaginer à quel point c’est difficile pour toi. »
2. « Est-ce que tu prends tes médicaments ? »
Bien qu’il soit important pour les personnes souffrant de bipolarité de suivre un traitement médicamenteux, il ne faut pas sous-estimer leur capacité à gérer leur propre santé. Demander constamment si elles prennent leurs médicaments peut être perçu comme intrusif et infantilisant.
Pourquoi ne pas plutôt dire :
- « Comment te sens-tu avec ton traitement actuel ? »
- « As-tu besoin d’aide pour gérer tes médicaments ou autres aspects de ta santé ? »
3. « Tu devrais juste essayer de penser positivement. »
Suggérer à une personne bipolaire de simplement « penser positivement » minimise la gravité de leur condition. Il est important de se rappeler que les troubles bipolaires sont des maladies mentales complexes et qu’ils ne peuvent pas être surmontés par un simple effort de volonté.
Pourquoi ne pas plutôt dire :
- « Je suis là pour toi, même dans les moments difficiles. »
- « Prenons le temps de trouver des alternatives pour t’aider à te sentir mieux. »
4. « Tout le monde a des hauts et des bas. »
Même si tout le monde traverse effectivement des périodes de bonheur et de tristesse, il peut être insensible de comparer ces expériences à celles d’une personne atteinte de bipolarité. La dépression et l’excitation ressenties par une personne souffrant de cette maladie vont bien au-delà des émotions ordinaires.
Pourquoi ne pas plutôt dire :
- « La bipolarité doit être difficile à vivre; n’hésite pas à te confier si ça te fait du bien. »
- « Comme je ne vis pas ce que tu vis, raconte-moi comment c’est de vivre avec cette maladie. »
5. « Il y a pire comme situation. »
Souligner qu’il existe des situations plus difficiles renforce le sentiment de culpabilité et d’incompréhension. Une personne atteinte de bipolarité ne se sentira pas mieux en comparant ses problèmes à ceux des autres.
Pourquoi ne pas plutôt dire :
- « Je sais que ce n’est pas facile, mais je suis là pour t’aider du mieux que je peux. »
- « Chacun vit ses propres luttes; parlons de tes expériences si ça peut t’aider. »
6. « Tu es juste paresseux. »
Les personnes souffrant de dépression (dans un contexte bipolaire ou non) peuvent se retrouver incapables d’effectuer les tâches quotidiennes les plus banales. Qualifier leur comportement de « paresse » est incorrect et blessant.
Pourquoi ne pas plutôt dire :
- « Comment puis-je t’aider aujourd’hui ? »
- « N’hésite pas à te reposer si tu en ressens le besoin. »
7. « C’est juste une phase. »
La bipolarité est un trouble mental chronique. Les phases maniaques et dépressives vont et viennent, mais ce n’est pas qu’une simple « phase » qui disparaîtra avec le temps. Dire cela à une personne atteinte de bipolarité peut lui donner l’impression que son expérience n’est pas prise au sérieux.
Pourquoi ne pas plutôt dire :
- « J’espère que cette période difficile passera bientôt, et je serai toujours là pour te soutenir. »
- « Je suis à tes côtés dans les moments difficiles comme dans les bons. »
8. « Tu es bipolaire, tu ne peux pas faire ça. »
Une personne souffrant de bipolarité n’est pas définie uniquement par sa maladie. Il est essentiel de les encourager à poursuivre leurs objectifs et leurs passions, sans juger leur capacité en fonction de leur trouble mental.
Pourquoi ne pas plutôt dire :
- « Si cela t’intéresse, essaie-le ! Et je serai là pour te soutenir. »
- « Ta bipolarité ne doit pas être un frein à ta réalisation personnelle. »
9. « Tu devrais arrêter de boire du café. »
Évitez de donner des conseils non sollicités ou de proposer des solutions simples à une situation complexe. Il existe plusieurs traitements pour gérer la bipolarité, et ce qui fonctionne pour une personne peut ne pas convenir à une autre.
Pourquoi ne pas plutôt dire :
- « Quels sont les changements que tu as déjà tentés pour améliorer ta situation ? »
- « As-tu parlé avec ton médecin de l’influence de certaines substances sur ta bipolarité ? »
10. « Je connais quelqu’un qui souffrait de bipolarité, et tout va bien pour lui maintenant. »
Chaque personne vit la bipolarité différemment. Comparer les expériences des autres peut mettre une pression inutile sur la personne concernée. Ce qui importe, c’est d’offrir un soutien adapté à chaque individu.
Pourquoi ne pas plutôt dire :
- « Je suis content que cette personne ait trouvé ce qui fonctionne pour elle. Continuons à chercher ce qui te convient le mieux. »
- « Ta situation est unique, donc prenons notre temps pour trouver les meilleures solutions pour toi. »
En évitant ces phrases ou remarques blessantes, vous aiderez les personnes atteintes de bipolarité à se sentir plus soutenues et comprises. Toutefois, n’hésitez pas à demander des conseils auprès de professionnels si vous souhaitez aider un proche souffrant de troubles bipolaires. Sachez qu’il existe des traitements et pas uniquement les traitements médicaux comme le Brintellix ou autres. Consultez un professionnel de santé reste la base.
Autres phrases à bannir : ce qu’il ne faut pas dire à une personne bipolaire
Lorsque nous interagissons avec une personne bipolaire, certaines phrases, bien qu’elles puissent sembler anodines, peuvent être particulièrement blessantes ou contre-productives. Voici une liste des expressions à éviter absolument :
- « Tout le monde a des hauts et des bas, c’est normal. » Cette phrase minimise la gravité de la maladie et peut faire sentir à la personne que sa souffrance n’est pas prise au sérieux.
- « Tu devrais essayer de te ressaisir. » Suggérer qu’il suffit de « se reprendre en main » nie la complexité du trouble et peut induire un sentiment de culpabilité.
- « Tu es juste paresseux(se). » Accuser la personne de paresse ignore les véritables défis auxquels elle est confrontée.
- « C’est dans ta tête, tu te fais des idées. » Cette phrase nie la réalité de la maladie et peut être extrêmement blessante.
- « Tu ne fais pas assez d’efforts pour aller mieux. » Ce type de remarque culpabilisante peut aggraver l’état émotionnel de la personne.
Il est essentiel de comprendre que ces phrases, bien qu’elles puissent partir d’une bonne intention, peuvent avoir un impact négatif sur la personne bipolaire. Nos recherches ont montré que la validation des émotions et l’empathie sont bien plus efficaces pour maintenir une relation saine.
Comment soutenir sans juger : les bonnes pratiques de communication
Pour préserver une relation positive avec une personne bipolaire, il est essentiel d’adopter une approche empathique et bienveillante. Voici quelques conseils pour une communication plus efficace :
À faire | À éviter |
---|---|
Écouter activement sans jugement | Critiquer ou donner des conseils non sollicités |
Offrir son soutien et demander comment aider | Imposer ses solutions ou minimiser les difficultés |
S’informer sur la maladie | Faire des comparaisons avec ses propres expériences |
Encourager le suivi du traitement médical | Remettre en question la nécessité des médicaments |
Etant professionnels de la santé mentale, nous recommandons de créer un environnement de communication ouvert et sécurisant. Cela implique de rester positif et encourageant, tout en évitant les jugements et les critiques. Il est également crucial de ne pas favoriser l’excitation pendant les phases maniaques, ce qui pourrait exacerber les symptômes.
Rappelez-vous que votre rôle est celui d’un soutien, non d’un thérapeute. Encouragez la personne à suivre son traitement et à consulter régulièrement son équipe soignante. En cas de crise, n’hésitez pas à contacter les professionnels de santé appropriés.
Vers une meilleure compréhension et un soutien efficace
La gestion du trouble bipolaire est un défi quotidien, tant pour les personnes qui en souffrent que pour leur entourage. En évitant les phrases stigmatisantes et en adoptant une attitude compréhensive, nous pouvons grandement améliorer la qualité de vie des personnes bipolaires.
Voici quelques points clés à retenir pour une communication bienveillante :
- Validez les émotions de la personne sans les juger
- Offrez votre soutien sans vous substituer aux professionnels de santé
- Informez-vous régulièrement sur les avancées dans la compréhension et le traitement du trouble bipolaire
- Encouragez la personne à maintenir une routine stable et à suivre son traitement
- Prenez soin de vous-même pour être en mesure d’offrir un soutien durable
Étant spécialistes en vulgarisation scientifique, nous sommes convaincus que l’éducation et la sensibilisation sont essentielles pour réduire la stigmatisation entourant les troubles mentaux. Chaque interaction positive contribue à créer un environnement plus compréhensif et supportif pour les personnes vivant avec le trouble bipolaire.
N’oublions pas que derrière le diagnostic, il y a une personne unique avec ses propres expériences et besoins. En cultivant l’empathie et en choisissant nos mots avec soin, nous pouvons faire une réelle différence dans la vie des personnes atteintes de trouble bipolaire et contribuer à leur rétablissement.